Après la phase de confinement, nous entrons maintenant dans la phase décisive de redémarrage de l'activité humaine et économique. Elle s'annonce très progressive et bien sûr sous haute surveillance face aux craintes de seconde vague.
Les données économiques de la période de confinement témoignent de l'ampleur de la récession.
Ainsi, pour la zone euro, avant même le mois d'avril, le PIB recule de 3,8% sur le premier trimestre (contre une hausse de 0,1% au quatrième trimestre 2019). Pour l'Allemagne, ce repli qui atteint 2,2% est le pire résultat depuis 2009.
Après la série de plans de soutien, les membres de l'Eurogroupe travaillent maintenant sur un plan de relance économique. Comme à l'accoutumée, sa mise au point passe par une recherche de compromis entre la France et l'Allemagne.
Pour sa part l'Italie vient d'adopter un nouvel ensemble de mesures budgétaires, de 55
La dette publique du pays (déjà très élevée avant crise) va s'amplifier et dépassera probablement 155% du PIB. Les émissions de dettes requises sur l'année sont estimées à 300
Semble-t-il moins clémente, le 15 mai, l'agence Fitch a abaissé, de stable à négative, la perspective de la France, tout en maintenant sa notation AA. Elle mentionne toutefois que « les paramètres du secteur bancaire suggèrent que les banques françaises sont bien positionnées pour faire face à la pression de la crise du coronavirus sur les actifs ».
Aux Etats-Unis, la production industrielle sur le mois d'avril a subi sa plus forte chute depuis la grande dépression de 1929 !
Le choc économique correspond à une chute du PIB américain de 12% sur un an. Les nouvelles inscriptions au chômage atteignaient encore un niveau proche des 3 millions sur la dernière semaine (contre 2,5 millions attendus) pour atteindre un cumul de 36 millions d'inscrits depuis le 21 mars, soit un quart de la population active !
La FED s'attend à un pic d'ici un mois avec un taux de chômage effectif de 25% contre 14,7% à la fin du mois d'avril.
Son Président, Jérôme Powell a rejeté l'idée de taux directeurs négatifs (résistant à nouveau aux pressions de D. Trump) en affirmant que les programmes massifs mis en oeuvre étaient plus appropriés. D'ailleurs, selon plusieurs spécialistes, des taux négatifs affecteraient les flux sur les fonds monétaires qui ont un rôle important sur ces marchés.
J.Powell prévoit une reprise lente de l'activité assortie d'une faible croissance prolongée et estime qu'un nouveau plan d'aide sera nécessaire.
D'après une étude de l'Université de Chicago, 42% des emplois perdus ne reviendraient pas. Par ailleurs, un sondage indique que les dispositifs d'aides financières directes (substitut à nos dispositifs européens de chômage partiel) n'ont pas encore pu aboutir pour plus de la moitié des demandeurs d'allocations. Ceci en raison de l'afflux sans précédents de ces demandes et de l'engorgement des circuits administratifs.
Dans ces conditions, le consommateur américain, qui importe tant pour l'économie américaine, risque d'en être très fragilisé.
Majoritaires à la chambre des représentants, les démocrates viennent d'ailleurs de voter un nouveau plan de soutien de 3 000 milliards de dollars (qui à lui seul équivaut aux quatre plans précédents).
Le Sénat étant par contre à majorité républicaine, ce plan n'a guère de chance de voir le jour. Il a toutefois pour rôle d'ouvrir un nouveau round de négociations, au chevet d'une économie très atteinte d'un pays en année d'élection présidentielle qui plus est.
Du côté de l'Asie, l'Inde, dont la production industrielle s'est effondrée de 16,7% sur un an, vient d'annoncer un plan de relance qui équivaut à 10% de son PIB.
Le Japon met fin à l'état d'urgence plus tôt que prévu sur la plupart de ses régions (préfectures) observant que les consignes sanitaires appliquées pendant six semaines ont porté leurs fruits. Ce pays de 126 millions d'habitants ne déplore que 700 décès du covid-19, sans commune mesure avec les autres pays du G7.
Berceau de la pandémie, la Chine qui a redémarré son activité économique en mars affiche une production industrielle en hausse de 3,9% pour le mois d'avril (supérieure aux prévisions) et des exportations en hausse de 3,5% (contre – 6,6% sur le mois de mars). Les ventes aux détails sont par contre en baisse de 7,5%.
Sur le sujet pétrolier, dont les prix s'étaient effondrés fin avril, l'Agence Internationale de l'Energie vient d'ailleurs de réviser légèrement à la hausse ses prévisions de demande mondiale de pétrole brut sur l'année. La chute de la consommation est maintenant estimée à 8,6 millions de barils/jours contre 9,3 millions b/j dans son précédent rapport. Ceci notamment en raison du rebond de la demande en Chine, mais aussi en Inde et plus récemment aux Etats-Unis. Parallèlement, la réduction de l'offre a commencé début mai. Les stocks restent très élevés mais commencent à diminuer. Cette amorce de rééquilibrage du marché s'est traduite en l'espace de 3 semaines par un rebond de plus de 50% des prix.
Sur les marchés boursiers, l'indice américain S&P 500, porté par les annonces de la FED et par les plans de soutiens budgétaires a réalisé sur le mois d'avril sa meilleure performance mensuelle depuis l'année 1987. Fort de ce rebond spectaculaire, les valorisations des entreprises retrouvent des niveaux proches d'avant crise, qui, à juste raison, suscitent l'étonnement. Cet optimiste reflète le scénario d'une crise transitoire, suivie d'une reprise rapide qui semble être en fort décalage avec la réalité et l'impact économique durable de cette crise.
Ces derniers jours sont d'ailleurs marqués par un repli, déclenché par le message de prudence de la FED et alimenté par un regain de tensions entre les Etats-Unis et la Chine. Le bureau d'information et de sécurité nationale des Etats-Unis vient ainsi de prendre de nouvelles mesures à l'égard de l'entreprise chinoise Huawei afin de limiter son accès à la technologie et aux logiciels américains.
Les indicateurs de volatilité tendent à remonter et les marchés obligataires, dont les taux à long terme repartent à la baisse témoignent du retour de l'aversion au risque après le rebond.
Nous partageons cette prudence dans cette phase aléatoire de « déconfinement » et conservons notre forte conviction sur les actifs aurifères et, sous un angle plus tactique mis en oeuvre récemment, sur le secteur de l'énergie.
Achevé de rédiger le 16 mai 2020
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