Un monde de bouleversements

Contrastant avec l'arrivée du printemps et des beaux jours, les images de destruction massive et les édifiants constats et récits d'exactions criminelles subies par le peuple Ukrainien interpellent d'autant plus nos esprits et notre humanité.

Cette triste actualité, qui aura fait basculer les précaires équilibres géopolitiques, a entrainé de nouvelles sanctions de la part des pays occidentaux envers la Russie. Celles-ci portent notamment sur l'arrêt des importations de charbon russe, sur l'interdiction de transactions auprès de quatre banques (dont la deuxième du pays) et sur l'interdiction d'accès aux ports des pays de l'Union Européenne aux navires russes, ou exploités par la Russie.

Les négociations Russo-Ukrainiennes sont à l'arrêt et le Kremlin concentre maintenant ses objectifs militaires sur le sud et l'est du pays où un conflit de grande ampleur devient imminent.

Plus à l'Est, la Chine demeure confrontée à l'épidémie et maintient des confinements stricts, particulièrement sur la région de Shanghai, peuplée de 26 millions d'habitants. La politique zéro Covid du gouvernement provoque de plus en plus de mouvements de contestation de la part d'une population excédée par les privations de liberté au quotidien. L'activité économique et portuaire en sont directement affectées, perturbant à nouveau les chaines d'approvisionnement internationales.

Alimentée par ces fléaux cumulés, l'inflation poursuit son accélération. Aux Etats-Unis, elle a atteint sur le mois de mars un nouveau record de 8,5%, toujours portée par les prix de l'énergie. Les prix à la production y sont également en forte hausse (+ 11,2% sur un an), avec également la composante des prix sur les céréales et sur les métaux (fer et acier).

Face à cette accélération, les membres de la réserve Fédérale sont unanimes pour muscler le relèvement des taux directeurs. Lors de son prochain comité, les 4 et 5 mai, la FED précisera aussi le plan de réduction de son bilan qui pourrait être initié dès le mois de juin.

Les taux obligataires franchissent de nouveaux seuils, atteignant maintenant plus de 2,80% sur les emprunts à 10 ans. Les taux hypothécaires répercutent cette hausse, approchant un taux de 5%. L'indice de confiance du consommateur est en net repli, malgré un marché de l'emploi très soutenu et des indicateurs d'activité économique toujours robustes. L'indice ISM des services a poursuivi sa progression en mars à 58,3 points. Publié le 15 avril, l'indice d'activité manufacturière pour la région de New York (Empire State) remonte nettement après sa chute du mois précédent, avec une hausse remarquée des nouvelles commandes.

Pour la zone euro, les économistes poursuivent leurs révisions à la baisse du PIB pour 2022, à +3,1% contre +4,4% il y a 6 mois. Là aussi, les indices de confiance sont en net repli, atteignant des niveaux proches de ceux du mois de mars 2020.

Lors de son comité du 12 avril, la BCE a maintenu ses taux directeurs accommodants tout en confirmant qu'elle mettrait fin à son programme de rachat d'actifs dans le courant du troisième trimestre et procédera à une première hausse de taux « quelques temps après », sans plus de précisions à ce stade.

En Chine, les indicateurs Caixin pour le mois de mars, en net baisse, ont confirmé les impacts des confinements régionaux. Autre témoin important, le chiffre des ventes au détail relevé pour le même mois affiche un repli de 3,5% sur un an.

Afin de soutenir son économie, la banque centrale a annoncé une réduction du taux de réserve obligatoire des banques de 25 points à compter du 25 avril.

Sur les marchés financiers, après le point bas touché par la plupart des indices le 7 mars, les phases de négociations menées par les délégations russes et ukrainiennes, les ont conduits à rebondir sur le restant du mois. Ce mouvement a cependant pris fin début avril après les constats des crimes de guerre dans les zones libérées suite au retrait des troupes russes autour de Kiev.

La saison de publication des résultats du premier trimestre débute sous haute surveillance.

Sur le marché du l'or noir, la décision des Etats-Unis, rejoints par d'autres pays, de recourir à leurs réserves stratégiques de pétrole, avait produit les effets recherchés par une détente des prix.

Mais les derniers évènements géopolitiques et l'idée maintenant évoquée par la Présidente de la Commission européenne de prochaines sanctions, sur le pétrole cette fois-ci, relancent les prix à la hausse.

Le retour de l'aversion au risque se reflète également sur le prix de l'once d'or, qui après un reflux courant mars, reprend la direction des 2000 dollars.

Enfin, simultanément porté par la divergence de politiques monétaires et par son aspect refuge, (d'autant plus face à une Europe autrement plus impactée par le conflit que ne peuvent l'être les Etats-Unis), le dollar poursuit sur sa lancée face à un euro fragilisé.

A l'approche du 09 mai, jour de célébration nationale en Russie de la victoire de l'armée rouge sur l'Allemagne nazie, les combats pour arracher le Donbass s'amplifient. La prudence devrait rester de mise sur les marchés financiers.

Cette date est aussi celle de la journée de l'Europe, marquant le début de la construction communautaire et célébrant la paix et l'unité en Europe. Paix et unité auxquelles naturellement l'Ukraine aspire tant en requérant instamment son adhésion à l'Union européenne !

Achevé de rédiger le 18 avril 2022