Après un repli général des marchés financiers subi pendant 3 mois consécutifs, l'issue positive du comité de la Réserve fédérale américaine du 1er novembre a provoqué un rebond prononcé.
Le statu quo reconduit sur les taux directeurs de l'institution, certes conformément aux attentes, mais accompagné d'un ton plus prudent et plus modéré de la part de son Président, a déclenché une nette détente des taux longs, qui à son tour a entrainé un ajustement, à la hausse cette fois-ci, des marchés d'actions.
Cette inclinaison de langage s'appuie sur l'observation d'une baisse des tensions salariales et sur les effets de la hausse des taux obligataires, qui accentuent la pression sur les conditions financières.
Alors que le taux des emprunts d'Etat à 10 ans (T Bonds) testait fin octobre la barre des 5%, les commentaires de Jérome Powell ont permis un fort repli de ces taux de financement à long terme, de près de 50 points de base.
L'économie des Etats-Unis, qui jusqu'alors avait surpris par sa vigueur et sa résilience face à la hausse des taux directeurs menée à marche forcée par la banque centrale, commence d'ailleurs à multiplier les signaux de ralentissement.
Les indices ISM publiés pour le mois d'octobre témoignent d'une poursuite de la contraction de l'activité manufacturière (baissant de 2,3 points, à 46,7 points), avec de nouveau une baisse des nouvelles commandes, et d'un ralentissement de croissance sur l'activité des services (en repli de 1,8 point, à 51,8 points).
Les indices de confiance du consommateur américain sont également en baisse. L'indice du Conference Board pour octobre perd 1,7 point. L'indice de l'enquête préliminaire de l'université du Michigan publié le 10 novembre ressort à 60,4 points (contre 63,8 points le mois précédent et 63,7 points attendus).
A l'inverse, les anticipations d'inflation pour l'an prochain sont revues à la hausse, à 4,4% contre 4,2% auparavant et 4% attendu. Les anticipations à cinq ans le sont également.
A cet égard, la lutte contre l'inflation n'est pas encore achevée et la Fed n'exclut pas une ultime hausse de ses taux directeurs. Evoquée lors d'un discours de son Président à la conférence du FMI, cette mention, qui n'avait pas été rappelée dix jours auparavant, n'aura pas manqué de refroidir en séance l'ambiance sur les marchés d'actions.
Le taux d'épargne a chuté de 5,3% en mai à 3,4% en septembre. Avec en parallèle la fin du moratoire sur les prêts étudiants et le fort resserrement des conditions financières, une révision à la baisse des dépenses de consommation devient de plus en plus probable.
Le taux de défauts et les incidents sur les cartes de crédit sont d'ailleurs en hausse.
Alors que les ventes au détail avaient été vigoureuses sur l'été, la prochaine statistique à ce sujet, qui sera publiée le 15 novembre, est attendue en baisse. La veille, sera publié le fameux CPI (Consumer Price Index) qui constitue également un marqueur important, particulièrement sur l'inflation sous-jacente, attendue stable, à 4,1% sur un an.
En zone, le PIB du troisième trimestre est en contraction de 0,1% par rapport au précédent trimestre et les ventes au détail fléchissent de 2,9% sur un an. Sur une note plus positive, l'inflation est en net repli sur le mois d'octobre. Selon l'estimation rapide d'Eurostat, le taux d'inflation annuel ressort à 2,9% sur le mois, contre 4,3% en septembre, ceci grâce au reflux des prix de l'énergie par rapport à leurs niveaux atteints en octobre 2022.
Comme le soulignent certains membres de la BCE, cet « effet de base » sur les prix de l'énergie est appelé à se dissiper sur les prochains mois, au fur et à mesure du glissement de date à date (année n versus année n-1) des séries statistiques.
L'inflation sous-jacente (hors énergie, tabac et alimentation) ressort quant à elle à 4,2% contre 4,5% un mois plus tôt et 4,2% attendus.
En Chine, après une amélioration de l'activité observée d'après le PIB du troisième trimestre, les dernier PMI officiels, comme ceux issus de l'enquête de l'institut Caixin, fléchissent à nouveau sur le mois d'octobre. La semaine de congés (Golden week) au début de ce mois a pu y contribuer, mais le contexte de crise immobilière et de faible demande, domestique et internationale, persiste manifestement malgré les mesures de soutiens.
La faiblesse de l'activité manufacturière au plan mondial, se reflète d'ailleurs dans les cours du cuivre qui ont chuté à leur plus bas niveau depuis près d'un an.
La saison de publication des résultats des entreprises pour le trimestre touche à sa fin. Dans l'ensemble, le bilan est positif et supérieur aux attentes pour les entreprises américaines. Leurs bénéfices ont progressé en moyenne de 3%.
En revanche, ce bilan est décevant pour les entreprises européennes, affectées par la remontée de l'euro face aux autres devises et plus particulièrement face au dollar. Leurs résultats accusent une baisse moyenne de près de 10%.
Sur le plan politique, le mois en cours comporte l'échéance critique du vendredi 17 sur le budget fédéral américain et le risque du « shutdown » associé. Le nouveau président (speaker) de la Chambre des représentants a proposé le samedi 11 novembre des mesures pour permettre le financement des administrations fédérales jusqu'au 19 janvier et 2 février prochain, tout en écartant de nouvelles aides financières à l'Ukraine et à Israël. Reste à voir l'issue des votes…
L'ampleur et la dérive de l'endettement des Etats-Unis a d'ailleurs motivé l'agence Moody's à réviser à la baisse sa perspective, de stable à négative, sur la notation crédit du pays.
Enfin, sur le plan géopolitique, le conflit au Proche-Orient, bien qu'il soit resté jusqu'à présent localisé à la bande de Gaza, il n'en reste pas moins d'une ampleur inédite, au prix d'un terrible drame humanitaire, et demeure un facteur de risque majeur.
Achevé de rédiger le 13 novembre 2023
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