Point marchés et retour du séminaire organisé par Citywire

De retour d'un séminaire organisé par Citywire (groupe Anglais spécialisé dans le suivi et la notation des gérants de fonds) pour les professionnels de la sélection de fonds, voici les principales observations qui en découlent.

Sur le plan économique

Dans l'histoire économique mondiale, il n'y a jamais eu de concert autant d'actions de relance monétaire de la part des Banques Centrales. Ces actions qui consistent à maintenir les taux d'intérêt à de très bas niveaux et à abonder les liquidités auprès du système bancaire visent à extraire l'économie mondiale de la plus sévère crise économique et financière subie depuis celle de 1929.

Tout l'enjeu consiste maintenant à accompagner le début de reprise observée aux Etats-Unis et dont les signes précurseurs apparaissent en Europe, sans entraîner le risque de formation d'une bulle spéculative sur les marchés obligataires. Ceci implique un pilotage très fin de la part de la Réserve Fédérale à la tête de laquelle le changement de présidence intervient à la fin de l'année, au terme du deuxième mandat de Ben Bernanke. Sous réserve de validation du congrès Américain, la personnalité choisie n'est autre que son bras droit, Madame Yanet Yellen. Bénéficiant d'une excellente réputation et qualifiée de"colombe", plus encore que Ben Bernanke, les marchés financiers apprécient. Le qualificatif de"colombe" (Dovish) s'oppose à celui de"faucon" (Hawkish) et défini les économistes favorisant une politique monétaire ultra accommodante en pareils circonstances afin de consolider le marché de l'emploi et par la même un redémarrage du cycle économique par la consommation.

Il y a cependant des répercussions en termes de volatilité sur les matières premières et un risque d'inflation qui affecte les marchés émergents qui en dépendent fortement. Après un rythme effréné de développement, le modèle économique de ces derniers est aujourd'hui confronté à un profond changement. La phase de développement industriel tournée vers l'exportation atteint ses limites, et il s'agit pour eux d'accompagner le développement de leur économie intérieure. Une hausse des matières premières (telle qu'intervenue récemment en Inde sur le prix de l'ognon, ingrédient alimentaire de base) rend cette transition particulièrement délicate.

Sur le plan politique

Le"Shut down"aux Etats Unis qui résulte de la ferme opposition entre démocrates et républicains sur le vote du budget fédéral et qui coïncide avec l'échéance du 17 octobre à l'égard du fameux plafond de la dette prend des proportions alarmantes sinon aberrantes dans un tel contexte. Il y a cependant de nombreux précédents dans l'histoire économique des Etats Unis, sous la présidence de Bill Clinton notamment. Au cours de ces précédents, la durée de cette suspension des crédits fédéraux est allée de 2 jours à 2 semaines et demi. Il est clair qu'en l'absence d'accord, qui pourrait intervenir in extremis, une situation de défaut des Etats Unis et donc l'impossibilité d'émettre de nouveaux emprunts aurait des répercussions majeures sur l'économie mondiale et sur les marchés financiers, obligataires et boursiers. Les gestionnaires d'actifs ne donnent pas une forte probabilité à une telle issue et bien que vigilants, semblent penser que la raison l'emportera.

En termes d'allocation d'actifs

Au regard des marchés financiers et des stratégies d'allocation d'actifs qui en découlent, l'accent est mis sur les actions Européennes qui présentent encore une forte décote par rapport aux actions Américaines et commencent à bénéficier de flux en provenance de ces derniers et des marchés émergents pour les raisons évoquées ci-dessus.

Les gérants constatent également une hausse de la disparité (ou décorrélation) entre les différentes valeurs qui favorise la démarche de sélection et de gestion active. Pour les mêmes raisons, cette caractéristique de marché, se prête également aux stratégies de gestion appelée"Long/Short"consistant à gérer 2 composantes d'un portefeuille, l'une par l'achat de valeurs sur lesquelles les convictions du gérant sont positives, l'autre par la vente des valeurs sur lesquelles ses analyses sont négatives, cherchant ainsi à tirer partie de la baisse anticipée de ces valeurs.

Dans cette configuration de marché, la sélection de gérants actifs et de convictions et leur suivi est source de valeur ajoutée.