Nouvelles sautes d’humeur de « serial twitter » aux dépens des marchés

Jeudi 8 août 2019

Décidément, les mois d'août sont rarement propices à la détente sur les marchés financiers.

Les nouvelles sautes d'humeur de la part de Donald Trump, exprimées par une série de tweets virulents à l'égard de la Chine et de la FED provoquent à nouveau stress et fébrilité sur les marchés financiers.

A peine sa délégation de négociateurs revenue de Shanghai et la décision prise par la FED d'une baisse de taux d'un quart de point, le locataire de la Maison Blanche a annoncé l'application de droits de douane de 10% sur le fameux volume de 300 milliards de dollars d'importations chinoises à effet du 1er septembre et s'en est pris à la FED, la traitant d'incompétente et la sommant de baisser davantage les taux.

Fait sans précédent, les anciens Présidents de la FED sont d'ailleurs montés au créneau en publiant une tribune pour défendre l'indépendance fondamentale de la banque centrale américaine et pour demander l'arrêt des pressions politiques…

Le Yuan a baissé de 2%, en franchissant le seuil critique d'une parité de 7 contre 1 dollar (une première depuis 11 ans) et la Chine a laissé entendre qu'elle suspendait les achats de produits agricoles américains.

Ce nouvel épisode d'escalade du conflit sino-américain, alors que les discussions venaient de reprendre, s'est traduit par une correction des marchés d'actions, par des taux encore plus bas sur les marchés obligataires, par une chute des prix pétroliers et par une envolée de l'once d'or jusqu'au niveau de 1500 dollars, qui n'avait plus été atteint depuis l'année 2013.

En Europe, la nomination de Boris Johnson au poste de Premier Ministre du Royaume-Uni, avec sa volonté réitérée de sortie de l'Union Européenne à l'échéance du 31 octobre, avec ou sans accord, a provoqué une chute de la Livre Sterling.

Ces velléités politiques interviennent alors que les données économiques continuent à se dégrader.

Ainsi, le dernier PMI manufacturier publié pour la zone euro poursuit son repli, et ce particulièrement en Allemagne qui touche un plus bas depuis 2012 !

La BCE s'en est inquiétée ouvertement lors de la conférence tenue par Mario Draghi à l'issue de son conseil de fin juillet. Elle a réaffirmé son engagement à soutenir l'économie en précisant que toute baisse de taux éventuelle serait accompagnée d'un mécanisme de « tiering » visant à atténuer l'impact des taux négatifs sur les banques commerciales.

L'inflation poursuit son ralentissement, attendue au taux annuel de 1,1% sur juillet, contre 1,3% le mois précédent. La croissance du PIB ressort également à 1,1% sur un an. Son rythme s'affaisse de moitié sur le second trimestre (+0,2% contre +0,4% sur le premier trimestre).

Aux Etats-Unis, la croissance du PIB sur le deuxième trimestre a été supérieure aux prévisions (2,1% contre 1,8%). Elle confirme cependant le ralentissement en cours par rapport au 3,1% réalisés au premier trimestre. Elle reste tirée par la consommation des ménages qui progresse sur un rythme annuel soutenu de 4,3%. L'indice de confiance du consommateur est d'ailleurs ressorti en nette hausse pour le mois de juillet, à 135,7 points, contre 121,5 points sur juin. En revanche, l'ISM manufacturier continue à ralentir, à 51,2 points contre 51,7 en juin.

La saison des résultats des entreprises prend fin et présente un tableau satisfaisant dans l'ensemble, pour les entreprises américaines, comme pour les entreprises européennes, par rapport aux prévisions prudentes des analystes.

Les mesures de soutien de la part des banques centrales tendent à se généraliser. Tout récemment, celles de Thaïlande, d'Inde et de Nouvelle Zélande, pays sensibles aux marchés asiatiques, viennent de baisser leurs taux directeurs.

Il faudra attendre la mi-septembre, pour connaître la teneur des mesures en préparation de la BCE.

Entre temps, l'actualité politique, alors que la campagne pour la présidentielle américaines est lancée, va continuer à occuper le devant de la scène. Il est donc fort probable que les marchés en restent tributaires au jour le jour.

Achevé de rédiger le 08 août 2019

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