Les banques centrales accélèrent leur riposte, les marchés encaissent l'addition.
Comme elle l'avait indiqué en amont, la Banque Centrale Européenne vient de confirmer lors de son comité du 9 juin l'arrêt de son programme d'achats d'actifs à compter du 1er juillet, ainsi qu'une première hausse de ses taux directeurs, de 0,25% lors de son prochain comité courant juillet. L'institution a de plus évoqué la possibilité d'une hausse plus importante en septembre (de 0,50%) en fonction du niveau d'inflation.
Ses perspectives actualisées sur la trajectoire de l'inflation (toujours à la hausse) et sur la croissance économique, de nouveau révisée à la baisse, en raison de la guerre Russo-Ukrainienne, ont stoppé l'embellie des marchés financiers, entamée fin mai après une série de semaines baissières.
Sur le mois de mai, l'inflation de la zone euro a de nouveau progressé, atteignant +8,1% en rythme annuel (contre +7,4% en avril). Pour la France, le chiffre est +5,8%. Conformément aux commentaires de la BCE, cette tendance devrait se poursuivre, car en amont les prix à la production industrielle hors énergie progressent toujours.
Malgré un niveau d'emploi qui demeure ferme dans la plupart des pays de la zone euro, l'impact de la hausse des prix commence à affecter la consommation des ménages, constatée au mois d'avril en repli de 1,3% sur un an.
Aux Etats-Unis, la Réserve fédérale qui tient son comité le 15 juin procédera à une nouvelle hausse, selon son calendrier cible annoncé précédemment, qui prévoit des pas de +0,50% lors de ses deux, voire 3 prochaines réunions.
Mais la publication vendredi 10 juin de l'indice des prix à la consommation pour le mois de mai, de nouveau en accélération (+1% sur le mois et +8,6% sur un an), soit un nouveau record sur 40 ans, fait craindre une hausse plus prononcée. En réaction à cette publication, qui de nouveau complique l'exercice opposant la lutte contre l'inflation à la préservation de la croissance, les marchés ont clôturé la semaine sur une forte correction.
Si la consommation des ménages a bien résisté jusqu'alors, d'après des premiers signaux, une modération des dépenses commence à apparaitre. En ce début de driving season (période de vacances estivales aux Etats-Unis marquée par une augmentation des parcours automobiles), le franchissement du seuil des 5 dollars sur le galon d'essence, ne fait qu'accentuer le sujet.
On observe d'ailleurs une forte augmentation des crédits à la consommation et notamment sous la forme du crédit revolving, à taux variables.
Le marché de l'emploi reste très tendu, les entreprises faisant face à des difficultés de recrutement.
Le salaire horaire moyen poursuit sa progression, mais sur un rythme annuel qui ralentit de 5,5% à 5,2%. Pour les emplois les moins qualifiés, cette progression annuelle s'élève à 6,5%. Bien qu'élevés, ces chiffres restent inférieurs à l'inflation globale, affectant le pouvoir d'achat.
Mesurée par l'Université du Michigan, la confiance du consommateur américain, est ressortie à 50,2 au mois de juin, après 58,4 en mai. Ce repli est bien plus prononcé que prévu, le consensus tablait sur un niveau de 58 points.
En réaction aux chiffres d'inflation, les taux obligataires américains à 2 ans ont franchi le seuil de 3% et les taux à dix ans ont atteint 3,16%.
En zone euro, alors qu'ils s'étaient déjà tendus la veille après les commentaires de la BCE, les taux à dix ans ont de nouveau progressé, atteignant 1,50% en Allemagne, 2,09% en France et 3,72% en Italie.
Tandis que les pays émergents sont également confrontés à une forte inflation, seule la Chine, marquée par sa politique sanitaire, fait exception. Le Brésil affiche une progression annuelle de 12,1%, l'Inde de 7,8%, tandis que pour la Chine ce rythme baisse à 2,1% sur un an.
Dans ce contexte mondial très adverse, la seule éclaircie porte sur l'amélioration de la situation sanitaire en Chine. La levée début juin des confinements sur la plupart des quartiers de Shanghai et de Pékin, ainsi que la poursuite des actions de soutiens budgétaires et monétaires redonnent de l'attrait à des marchés d'actions locales très dépréciés.
Les indicateurs économiques publiés pour le mois de mai commencent à s'y redresser. Ce début de réouverture devrait calmer les tensions sur les chaines d'approvisionnement et sur le facteur inflationniste (prix du fret maritime…) qui en découle au plan mondial.
Achevé de rédiger le 12 juin 2022
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