Face à la résurgence de l'inflation acquise au cours de l'année 2024, depuis l'été dernier les politiques monétaires ont été conduites quasiment à l'identique par la Banque Centrale Européenne et par la Réserve fédérale. Les deux institutions ont baissé leurs taux directeurs de 1%.
En ce début d'année 2025, la vigueur de l'économie américaine qui contraste fortement avec la faiblesse de l'économie européenne entraine une nette divergence sur les prochaines trajectoires de politiques monétaires.
Tandis que la Réserve fédérale penche de plus en plus pour le statu quo (face à un risque de surchauffe économique et aux potentielles incidences inflationnistes du programme de Donald Trump), la BCE devrait poursuivre ses baisses des taux, à nouveau sur une amplitude de 1% pour les ramener à 2%.
En 2024, le dynamisme de l'économie américaine a permis au PIB mondial de croitre de 3,2% malgré les difficultés qui ont persisté sur les autres grandes régions du monde.
L'assouplissement monétaire, l'indépendance énergétique et le leadership mondial, tant en matière de technologies avancées que de sécurité et de défense des Etats-Unis, en ont fait une fois encore les grands gagnants.
Amplifiés par les fameuses méga capitalisations dont les valorisations ont battu tous les records, les principaux indices boursiers américains ont fortement progressé, creusant l'écart par rapport aux autres marchés.
En ce début d'année, malgré des niveaux de valorisations très au-dessus de leur médiane de long terme, la confiance des particuliers américains dans la capacité de voir leur marché domestique poursuive cette marche en avant demeure. Leur exposition aux actions américaines, notamment au travers des fonds de pension, représente un tiers de leur patrimoine, leur procurant là un effet richesse significatif.
A l'extrême opposé, l'indice CAC français composé des principales capitalisations a terminé l'année en repli. Depuis la crise politique déclenchée par la dissolution de l'Assemblée nationale, la confiance est mise à mal par les investisseurs étrangers. Qui plus est, très représenté dans l'indice, le secteur du luxe a subi la faiblesse de la demande chinoise. Plus généralement au niveau de la zone euro, la crise du secteur automobile a également pesé lourdement sur les valorisations.
Il en résulte une décote historique de valorisation des marchés européens par rapport au leader américain, évaluée fin 2024 à près de 40% !
Selon le Fonds Monétaire International qui vient de publier ses perspectives de croissance pour 2025 et 2026, la croissance mondiale devrait s'élever à 3,3% (en hausse de 0,1% par rapport à 2024), mais toujours inférieure à sa moyenne de 3,7% observée sur la période 2000-2019. Dans l'ensemble, l'inflation devrait poursuivre son reflux, à 4,2% en 2025 puis 3,5% en 2026.
Là encore, le FMI prévoit pour 2025 une forte divergence de rythme entre les Etats-Unis, avec une croissance de 2,7% (en hausse de 0,5% par rapport aux précédentes prévisions établies en octobre dernier), contre une modeste croissance de 1% pour la zone euro (abaissée de 0,2%).
Pour 2026, l'institution estime cependant que la croissance de la zone euro devrait accélérer à 1,4%, grâce à l'assouplissement monétaire, à une amélioration de la confiance combinée à un peu moins d'incertitude.
Du côté des grandes économies du monde émergent, le FMI a révisé à la hausse de 0,1% les perspectives de croissance du PIB Chinois, à 4,6%, par rapport aux prévisions d'octobre. Ceci en prenant en considération l'ensemble des mesures de soutiens annoncées en novembre.
Sans changements et en phase avec son potentiel, l'Inde devrait maintenir sur les deux années son rythme soutenu de croissance annuelle de 6,5%.
Au cours de ce premier mois de l'année, les premières publications économiques sur les Etats-Unis ont provoqué une forte volatilité sur le marché obligataire.
Les créations d'emplois sur le mois de décembre se sont avérées bien supérieures aux attentes. Le taux de chômage baisse de 0,1% à 4,1%, pour un taux de participation inchangé. L'activité des services accélère de 52,1 à 54,1 points selon l'indice ISM, avec notamment la composante des nouvelles commandes en hausse de 53,7 points à 54,2 points.
Eloignant les perspectives de nouvelles baisses de taux, ces publications ont provoqué une forte tension sur les obligations du Trésor, dont le taux des émissions à dix ans a frôlé les 4,80%.
Les chiffres d'inflation sous-jacente publiés la semaine suivante, à 3,2% sur un an contre 3,3% le mois précédent, ainsi que des ventes au détail inférieures aux attentes, ont permis de calmer cette tension, le taux de référence refluant à 4,59% sur le dernier jour de cotation avant l'investiture du Président élu, le lundi 20 janvier (un jour férié car il coïncide avec le Martin Luther King Day).
La fin de mois sera ensuite marquée par les réunions des banques centrales (Bank of Japan le 24, Réserve fédérale le 29, puis BCE le 30).
La saison des résultats des entreprises a commencé à animer les marchés. A ce titre, la bonne publication le 16 janvier de la société Richemont (avec un chiffre d'affaires nettement supérieur aux attentes des analystes) a entraîné un fort rebond du secteur du luxe et par conséquent de l'indice CAC 40.
Ce cas d'exemple rappelle la capacité des marchés décotés à réagir rapidement aux premiers signaux d'amélioration et justifie une diversification géographique des portefeuilles face aux valorisations outre atlantique très élevées et très concentrées.
Achevé de rédiger le 19 janvier 2025
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