Le desserrement monétaire de la banque centrale américaine, tant différé et tant guetté par les marchés financiers est maintenant enclenché.
Si la décision de la FED lors de son comité du 18 septembre ne faisait plus de doutes, l'ampleur du premier pas (25 ou 50 points de bases) faisait débat. Plus encore, les intentions pour la suite du calendrier de baisses des taux directeurs, évaluées à partir des commentaires de son Président, Jerome Powell, allaient être suivies de près.
C'est finalement la mesure forte de 50 points de base qui a été décidée par les membres votant de la FED, de façon quasi unanime (à une voie près) afin d'éviter les risques de récession.
Les projections (dot plot) à l'égard du calendrier de réduction des taux directeurs font état de deux autres baisses d'ici la fin de l'année, de 25 points bases chacune, puis de quatre baisses de même ordre sur l'année 2025.
Cette action rapide de la FED est motivée par le reflux de l'inflation, mais aussi et surtout par une dégradation du marché de l'emploi, principalement dans le secteur manufacturier affecté par le ralentissement d'activité observé depuis plusieurs trimestres.
L'inflation globale sur le mois d'aout a poursuivi sa décrue et n'est plus que de 2,1% sur un an, grâce notamment à la baisse des prix de l'énergie. L'inflation sous-jacente, hors énergie et produits alimentaires, reste plus élevée au taux inchangé de 3,2%, en raison notamment du prix des loyers encore fermes.
Les créations d'emplois affichent un net ralentissement sur le dernier trimestre et le rapport offres/demandes est revenu à 1,1, soit un plus bas depuis 2018.
Enfin, les ventes au détail ont nettement ralenti au mois d'aout, à +0,1%, après leur bond surprise constaté pour le mois de juillet, porté par une nette hausse du crédit à la consommation.
Après un accueil froid le jour de cette décision, les marchés d'actions ont le lendemain salué l'action franche de la FED par un net rebond.
Cette baisse de taux va permettre d'améliorer les conditions de financement des ménages américains, des entreprises et des banques régionales.
Elle est aussi de nature à enclencher par la suite des réallocations d'actifs de la part des investisseurs américains qui, depuis deux ans, se sont largement portés sur les fonds monétaires en raison de leur rendement très attractifs. Ces derniers atteignent un record historique de plus de 6300 milliards de dollars, dont près de 1600 milliards souscrits depuis le début de l'année dernière.
De notre côté de l'atlantique, l'économie de la zone euro demeure faible. La production industrielle baisse à nouveau en juillet, de façon prononcée en Allemagne (-2,4%) et en France dans une moindre mesure (-0,5%).
Les constructeurs automobiles allemands, fleurons de l'industrie du pays sont en crise, à tel point que, fait sans précédent, Volkswagen a annoncé début septembre prévoir la fermeture d'usines dans le pays même.
Sur le plan des services, l'activité s'est un peu redressée sur l'été, aidée notamment par l'effet JO en France. Les PMI du mois d'aout remontent à 52,9 points, contre 51,9 points en juillet, avec notamment le bond évoqué pour la France, à 55 points, contre 50,1 points en juillet.
Comme aux Etats-Unis, l'inflation poursuit son repli. L'inflation globale sur le mois d'aout diminue à 2,2% sur un an, contre 2,6% en juillet et l'inflation sous-jacente (hors énergie et produits alimentaires) ressort à 2,8%, contre 2,9% le mois précédent.
Après une pause sur l'été, la Banque Centrale Européenne a pris la décision de baisser ses taux directeurs, de 0,25%, pour la seconde fois après son premier geste du mois de juin.
Sa présidente, Christine Lagarde, a toutefois conservé un ton prudent pour les prochains mois, soulignant une inflation sous-jacente persistante, notamment alimentée par une hausse des salaires sur un rythme supérieur qui freine le processus de retour à l'objectif cible de l'institution d'une inflation à 2%.
A également été mentionné le fait que les effets de base (comparaison des prix de l'énergie, nettement baissiers sur un an), seront derrière nous à compter du mois de novembre. De fait, l'influence majeure qu'ils ont eu sur la baisse de l'inflation globale au cours de cette période, ne sera plus de mise (sauf bien sûr en cas de nouvelles baisses de ces prix de l'énergie).
La Chine reste quant à elle affectée par son secteur immobilier, malgré les mesures de soutien déployées ces derniers mois et confrontée à des pressions déflationnistes, avec une consommation intérieure toujours en berne malgré un taux d'épargne post Covid très élevé.
Contrainte par son déclin démographique et le vieillissement de la population, le gouvernement Chinois vient d'annoncer un report progressif (sur les quinze ans à venir) de l'âge légal de retraite, à 63 ans contre 60 actuellement pour les hommes, à 58 ans contre 55 ans pour les femmes cadres et à 55 ans contre 48 ans pour les femmes non-cadres.
A l'inverse, au Japon qui est sorti d'une longue ère déflationniste, le retour de l'inflation s'accompagne d'une hausse des salaires qui s'inscrit dans une action de rattrapage à l'issue de négociations intervenues au printemps. La banque du Japon a dès lors initié une normalisation de sa politique monétaire qui a déjà entrainé une remontée du yen.
Sur les marchés actions, un épisode de fort stress est brusquement survenu début août (provoqué par des dé-bouclages massifs de positions de « carry trade » liées aux brusques évolutions de change entre le yen et le dollar, elles-mêmes liées au point mentionné ci-dessus). L'essentiel de cette baisse a été résorbée sur la seconde quinzaine du mois, grâce notamment à la volonté affirmée fin août par le Président de la Réserve fédérale d'amorcer le fameux cycle de baisse des taux.
Les obligations et les actifs aurifères se sont distingués sur la période. Les deux classes d'actifs ont bénéficié de la baisse des taux longs. L'or, qui a aussi été porté par la baisse du dollar, a franchi un nouveau record à plus de 2600 dollars l'once.
Achevé de rédiger le 20 septembre 2024
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