Résultats porteurs mais inflation soutenue

La saison des publications des résultats des entreprises pour le troisième trimestre se termine fort bien.

Plus de 80% des publications s'avèrent supérieures aux attentes et leur progression globale atteint près de 45% par rapport au T3 de l'an dernier. Même retraités des résultats hors norme du secteur de l'énergie (qui reviennent de très loin), leur progression est en moyenne de 33% aux Etats-Unis et de 28% en Europe.

Pour l'année prochaine, les prévisions ont été révisées à la hausse, malgré les pressions inflationnistes susceptibles d'affecter les marges bénéficiaires. La croissance moyenne attendue s'élève à 11% pour le marché américain et à 8% pour le marché européen.

Ces résultats ont été salués par les investisseurs et les marchés boursiers de ces 2 continents, par un rallye soutenu portant les indices sur de nouveaux plus hauts.

Face à la hausse des coûts entrants, nombre d'entreprises ont réussi à défendre leurs marges en augmentant leurs prix ou encore leur productivité.

Par conséquence directe, cette inflation issue des matières premières et des goulots d'étranglement tend à se diffuser à l'ensemble de l'économie. Il importe maintenant d'estimer sa répercussion sur les salaires pour juger de son caractère transitoire (toujours considéré comme tel par la réserve fédérale américaine et par la BCE) ou plus durable.

Les indices publiés pour le mois d'octobre aux Etats-Unis attestent de la vigueur de cette inflation qui atteint le taux de 6,2% en base annuelle. A titre comparatif, sur la même période, la hausse des salaires, qui s'élève à 4,9% sur un an également, s'avère inférieure.

Ceci explique peut-être la baisse du moral des ménages, qui d'après l'indice de l'Université du Michigan, baisse à 66,8 points en octobre, contre un niveau précédent de 71,7 points.

Pour autant, les ventes au détail publiées le 16 novembre pour ce même mois d'octobre affichent une hausse de 1,7%. Il est vrai qu'avec un taux d'épargne très élevé, le consommateur américain ne manque pas de réserves !

D'ailleurs, l'activité économique tend à se raffermir sur le mois en cours. L'indice Empire State qui suit l'activité manufacturière de la région de New-York se redresse à 30,9 points (au-dessus des attentes) contre 19,8 points en octobre.

De même, l'indice Philly Fed publié ce jour pour l'activité manufacturière de la région de Philadelphie rebondit fortement, alors que les analystes l'attendaient encore en baisse. De plus, d'après le communiqué de la Fed, la croissance s'annonce soutenue pour les six prochains mois, avec notamment des commandes en nette hausse.

Cette vigueur est de nature à éloigner le scénario redouté de stagflation (contraction de stagnation et d'inflation).

Par ailleurs, elle donne raison à l'action de la Fed, confirmée à l'issue de son comité du 3 novembre, d'initier dès ce mois-ci la réduction progressive de son programme de rachats d'actifs.

Le dernier évènement positif pour les perspectives de l'économie américaine porte sur le vote enfin obtenu du plan d'investissement en infrastructures. Plus modeste qu'au départ, ce plan comporte néanmoins 550 Milliards de dollars d'investissements sur les cinq prochaines années.

En Europe aussi, les pressions inflationnistes progressent. Cependant, d'après Christine Lagarde qui s'exprimait récemment sur le sujet, une hausse des taux (en temps normal, moyen d'action pour juguler l'inflation) serait contre-productive dans le cas présent. Elle pourrait en effet affecter la reprise économique en cours, qui d'ailleurs est déjà de nouveau confrontée au rebond épidémique prononcé dans les pays où les taux de vaccination sont les moins élevés.

En Chine, l'indice des prix à la production, toujours du fait des prix de l'énergie, accélère à +13,5% sur un an, contre un rythme de +10,7% le mois précédent. L'activité économique commence à présenter des signes d'amélioration. La production automobile marque un rebond de 12,2% et les ventes en gros de 12,8% sur le mois d'octobre.

Sur le plan de la consommation, lors de la journée annuelle des célibataires (single day), de nouveaux records de ventes ont été réalisés par Alibaba (équivalent à 84,5 milliards de dollars) et de JD.com (équivalent à 55 milliards de dollars). A titre comparatif, le fameux Black Friday, qui a lieu prochainement aux Etats-Unis, avait donné l'an dernier un volume de ventes réalisées sur les plateformes internet de 9 Milliards de dollars.

Enfin, la banque centrale chinoise a initié des mesures d'accompagnement auprès des institutions financières, par un coût de financement allégé (au taux de 1,75%) pour favoriser les prêts destinés à financer des projets de réduction des émissions carbone, et le gouvernement prévoit d'assouplir les conditions d'émission d'obligations en monnaie locale qui s'appliquent aux sociétés immobilières.

Au Japon, dont l'économie peine encore à se redresser, le nouveau premier ministre et son gouvernement préparent un plan de soutien de très grande ampleur (comparé aux précédents) qui serait composé d'aides directes auprès des ménages modestes et des petites entreprises.

Enfin, sur le plan géopolitique, la réunion par visioconférence tenue le lundi 15 novembre entre Xi Jinping et Joe Biden a eu le mérite d'ouvrir le dialogue pour tenter de réduire les risques stratégiques des arsenaux nucléaires. Il s'agissait là de réorienter la relation sino-américaine sur le plan de la compétition plutôt que sur celui de la confrontation et du conflit.

D'après les spécialistes, le leader chinois se concentre sur la politique intérieure (et la fameuse orientation de prospérité commune) avec pour calendrier la réunion annuelle du comité central du parti ce mois-ci, les jeux olympiques d'hiver de Pékin en février prochain, puis le congrès du parti fin 2022.

Cependant, le sujet conflictuel de Taiwan demeure entier, chacun des 2 leaders étant resté fermement sur ses positions lors de cette réunion.

Face à l'ensemble de ces évolutions, dans le cadre de la gestion flexible de notre fonds dédié à nos clients, « Haussmann Patrimoine Convictions », avec le concours de notre partenaire Gérant (Auris Gestion), après avoir fortement relevé l'exposition du fonds aux actions internationales pour tirer parti de la dynamique des résultats d'entreprises, nous l'avons nettement réduite afin de consolider ses acquis. Ceci en considérant le fait que les facteurs haussiers, à l'inverse des facteurs de consolidation, étaient maintenant moins évidents pour les prochaines semaines.

Achevé de rédiger le 18 novembre 2021