Points d'inflexion ?

Lundi 15 mars 2021

Un an après l'entrée du monde dans la crise sanitaire et la mise en parenthèse à répétition de l'activité économique et humaine, la diffusion des vaccins permet d'entrevoir la sortie de ce long et sinueux tunnel.

Les prévisions de croissance continuent à être révisées à la hausse. Selon l'OCDE, après une chute de 3,4% l'an dernier, l'économie mondiale devrait rebondir de 5,6% cette année et de 4% l'an prochain. En décembre dernier, l'organisation prévoyait une croissance de 4,2% pour 2021 et de 3,7% pour 2022.

Les plus forts contributeurs en seront la Chine, avec une croissance du PIB de 7,8% cette année puis de 4,9% l'an prochain, et les Etats-Unis, dont le PIB, boosté par le nouveau plan de relance de 1900 Milliards de dollars, devrait croître de 6,5% cette année, contre une précédente prévision de 3,2% en décembre.

Pour la zone euro la croissance économique est attendue à 3,9% en 2021 (tirée par la France à 5,9%, devant l'Espagne à +5,7%, l'Italie à +4,1% et l'Allemagne à +3,2%) puis à 3,8% en 2022.

Ces prévisions encourageantes, malgré des risques persistants dus aux variants du virus, et à la troisième vague observée en Europe, se traduisent par des anticipations de forts rebonds des bénéfices des entreprises.

La reprise mondiale se traduit aussi par un mouvement de reflation provoqué par une nette hausse du prix des matières premières, du pétrole notamment. Malgré une inflation sous-jacente (hors énergie) qui reste très mesurée, les marchés obligataires ont très vite intégré ce scénario par une tension accentuée sur les taux d'intérêt à long terme. Ainsi, le taux de référence américain à 10 ans, qui était déjà remonté à 1,20% il y a tout juste un mois, se situe maintenant à 1,62%, soit une progression de 35% en un mois !

Cette évolution rapide a eu un fort impact d'ajustement au sein des marchés financiers. Les marchés obligataires, ainsi que les actions du secteur technologique et plus généralement de forte croissance, ont subi une nette correction, tandis que les valeurs cycliques, financières et pétrolières se sont nettement appréciées. Le tableau entre les premiers et les derniers de la classe (2021 vs 2020) s'est littéralement inversé au cours des dernières semaines.

Le marché américain, à forte composante technologique, illustre particulièrement cette divergence.

Entre le 12 février (début de la phase de correction) et le 08 mars, l'indice Nasdaq a corrigé de 11%, tandis que l'indice large, le S&P 500 ne cédait que 2,83% et le Dow Jones (qui comporte surtout des valeurs industrielles) progressait de plus de 1%.

Les indices européens, plus exposés aux valeurs cycliques et financières ont poursuivi leur hausse. L'indice CAC 40 se distingue particulièrement avec ses valeurs du luxe (près du tiers de sa capitalisation), ses valeurs bancaires, qui bénéficient de la pentification accélérée de la courbe des taux et le secteur automobile (avec notamment un très beau parcours de Stellantis). Repassé au-dessus du seuil des 6 000 points, il renoue avec son niveau d'avant crise.

Par effet d'entrainement, la hausse des taux longs américains s'est répercutée sur les taux longs européens. Ne pouvant à ce stade laisser les conditions financières se resserrer, les membres du conseil des gouverneurs de la Banque Centrale Européenne ont dû s'accorder pour activer un contre-feu. Les attentes à cet égard étaient fortes et n'ont pas été déçues. A l'issue de son comité du 11 mars, la BCE a annoncé sa décision d'intensifier sur le deuxième trimestre le déploiement de son programme d'achats d'actifs post pandémie (PEPP). L'enveloppe globale n'est pas modifiée, mais il a été admis qu'il fallait frapper fort sur les prochains mois. Ceci également face au retard des vaccinations et à une troisième vague qui va de nouveau peser sur l'économie (à l'exemple de l'Italie qui reconfine la majeure partie de son territoire).

Aux Etats-Unis, le plan de 1 900 Milliards de dollars (American Rescue Plan Act) voté par le congrès, puis signé le 11 mars par Joe Biden, commence dès ce week-end à prendre effet, avec l'envoi des fameux 1400 dollars versés aux ménages aux revenus modestes et avec la prolongation jusqu'en septembre des indemnisations de chômage exceptionnelles.

Les objectifs du plan portent sur la création de plus de sept millions d'emplois, sur un accès facilité aux soins, sur l'aide aux dispositifs de vaccination et sur une réduction de la pauvreté, des enfants notamment.

Cette étape franchie avec succès, les débats parlementaires sur le second plan, axé sur les investissements en infrastructures, vont pouvoir démarrer.

En accélérant la campagne de vaccination (près de 20% de la population a reçu au moins une dose) et en rendant éligible à l'un des vaccins tous les adultes à compter du 1er mai, Joe Biden a fixé sur la date symbolique et fédératrice de la fête de l'Independence Day du 4 juillet, l'objectif de retour à la normale.

Sur les marchés financiers, la dimension de ces plans, conjuguée à la reprise déjà à l'œuvre de l'économie américaine, fait cependant craindre un risque d'emballement et de surchauffe. C'est là tout le message envoyé par la hausse des taux longs évoquée ci-dessus.

L'indicateur du moral des ménages américains sur le mois de mars est au plus haut depuis mars 2020, à 83 points contre 76,8 points en février.

En février, les créations d'emplois ont nettement progressé, atteignant le nombre de 379 000, contre une moyenne mensuelle de 41 000 créations sur les 3 mois précédents. Ce dynamisme émane de la réouverture des secteurs des loisirs et de l'hôtellerie. En revanche, affecté par des conditions météos très difficiles, notamment au Texas, le volume des heures travaillées est en repli. Le taux de chômage officiel recule à 6,2% contre 6,3% le mois précédent, mais retraité du taux de participation au marché de l'emploi toujours en baisse, la réalité le situe à un niveau de 9 à 10%.

Les derniers chiffres d'inflation ont un peu rassuré. L'indice des prix à la production, en progression de 0,5% sur février, est conforme aux attentes. Sur un an, ce chiffre accélère toutefois sur un rythme de 2,8%.

Par ses dernières auditions, le président de la Réserve Fédérale, Jerome Powell a tenté de rassurer les marchés, affirmant qu'il n'entendait pas en modifier la politique monétaire face à la reflation, considérée comme un phénomène temporaire lié aux effets de base.

En cette phase délicate de changements de régime, les communications qui émaneront du prochain comité de la FED, le 17 mars, seront cruciales pour les marchés financiers et notamment pour la poursuite ou non de la revanche des valeurs délaissées sur les valeurs de croissance.

Achevé de rédiger le 13 mars 2021

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