Coronavirus : l’impact sur les marchés illustré en 5 graphiques

Vendredi 28 février 2020

La propagation du coronavirus COVID-19 au-delà de la Chine a créé une nouvelle incertitude pour les perspectives de croissance mondiale et engendré une forte volatilité sur les marchés financiers.

La multiplication des cas en Corée du Sud, en Iran et en Italie ont fait craindre une accélération de la propagation en dehors de la Chine.


Quel a été l'impact jusqu'à présent ?

Les pertes humaines ont été importantes, avec plus de 2 800 décès confirmés au 27 février, la majorité dans la province de Hubei en Chine. Ce chiffre est bien supérieur à celui du SRAS qui a tué près de 800 personnes en 2002-2003. Les autorités chinoises ont réagi en imposant des quarantaines, ainsi qu'en limitant les rassemblements publics et les voyages.

Du point de vue des marchés financiers, la réaction a été assez modérée, alors que des signes indiquaient que le taux d'infection en Chine avait atteint un sommet. Toutefois, l'apparition récente et l'accélération de cas en Corée du Sud, en Iran et en Italie, a fait craindre que le virus puisse avoir un impact bien plus important que ce que les marchés avaient initialement prévu. Les graphiques ci-dessous montrent comment les marchés boursiers ont été touchés (avant la journée du 27 février) alors que la demande d'obligations a augmenté, ce qui a eu pour effet de faire baisser les rendements et d'augmenter les prix.

Après un premier rebond, les marchés mondiaux (indice MSCI World) et de la Chine continentale ont connu de nouvelles baisses

Coronavirus : l’impact sur les marchés illustré en 5 graphiques

Coronavirus : l’impact sur les marchés illustré en 5 graphiques

Parmi les autres marchés, les prix des matières premières ont également subi un impact important. La Chine est le principal consommateur de nombreuses matières premières, en particulier de métaux utilisés dans l'industrie. Par conséquent, l'impact sur les prix a été significatif, comme l'illustre l'évolution du S&P GSCI, une mesure de la performance générale des prix des matières premières.

Cela a des implications pour les pays exportateurs de matières premières. L'Amérique latine, en particulier le Brésil, le Chili, la Colombie et le Pérou, ont tous connu une volatilité marquée de leurs marchés actions et de leurs devises.

Les prix des produits de base ont fortement baissé alors que la gravité de l'épidémie s'intensifiait

Coronavirus : l’impact sur les marchés illustré en 5 graphiques


Pourquoi cette épidémie est-elle différente des précédentes, comme le SRAS par exemple ?

La place de la Chine dans l'économie mondiale a considérablement changé depuis l'apparition du SRAS. La Chine représentait 4,2% de l'économie mondiale en 2002 et contribuait à hauteur de 18% à la croissance du PIB mondial. En 2018, sa part dans le PIB mondial était passée à 15,8 et 35% de la croissance mondiale provenait de la Chine. L'impact d'une activité économique plus faible en Chine aura donc un impact proportionnellement plus important sur la croissance mondiale globale. Après une année au cours de laquelle les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine ont pesé sur la croissance mondiale, les marchés s'attendaient à une amélioration cette année. Cela reposait sur l'amélioration des relations commerciales entre les 2 parties au cours du quatrième trimestre de 2019, qui a culminé avec la signature de l'accord commercial dit "phase 1" le 15 janvier dernier. L'épidémie de coronavirus a jeté une grande incertitude sur ces perspectives.


La suite des évènements aura-t-elle un impact sur la croissance mondiale ?

Notre graphique ci-dessous donne un aperçu de ce qui pourrait arriver à l'économie chinoise. Mais la question la plus urgente est peut-être de savoir jusqu'où le virus se propagera en dehors de la Chine et s'implantera aux États-Unis.

Keith Wade, économiste en chef chez Schroders : « La reprise de l'économie mondiale a été paralysée en Asie à cause du virus. Les effets se répercutent maintenant sur l'économie mondiale, car les chaînes d'approvisionnement sont perturbées. Il y a aussi la menace supplémentaire de l'émergence du virus en dehors de la Chine, comme nous l'avons vu en Italie et en Corée ».

« Les marchés doivent revoir leurs hypothèses de retour à la normale et, bien que le virus puisse être contenu au deuxième trimestre, l'effet sur les dépenses et l'activité pourrait persister car la population sera prudente pendant un certain temps. Le frein à court terme sera suffisant pour faire basculer dans la récession certaines économies comme le Japon et l'Italie. Néanmoins, à mesure que le virus s'atténuera, il sera possible de relancer l'activité ».

« Les risques d'une pandémie mondiale ont augmenté. Les porteurs du virus peuvent ne pas présenter de symptômes, ce qui rend la détection, l'isolement et le confinement plus difficiles. Il est clair que les risques de ralentissement de l'activité seraient plus importants, surtout si les États-Unis sont touchés. La plus grande économie du monde est relativement moins exposée aux perturbations de la chaîne d'approvisionnement mondiale et pourrait soutenir la demande mondiale, surtout si la Réserve fédérale réduit à nouveau les taux d'intérêt comme nous le prévoyons ».


Comment se porte l'économie chinoise ?

Le premier point à souligner est que l'économie chinoise a une importance systémique. Elle représentait 28,4% de la production manufacturière mondiale en 2018, selon la Division des statistiques des Nations Unies, contre 16,6% pour les États-Unis. En 2004, la part des États-Unis était de 22,3%, alors que celle de la Chine n'était que de 8,7%. L'économie chinoise est également devenue plus intégrée avec le reste du monde.

Il est difficile d'évaluer avec précision dans quelle mesure les usines ont réussi à rouvrir après le Nouvel An Chinois, le 25 janvier dernier, et à quel niveau de capacité de production. Les données sur les migrations produites par l'entreprise technologique chinoise Baidu, présentées dans le graphique ci-dessous, suggèrent que de nombreux travailleurs ne sont pas encore rentrés chez eux. C'est à Wuhan, où l'épidémie aurait pris naissance, que le retour des travailleurs est le plus faible. Les activités non essentielles pour le Hubei, la vaste province dont Wuhan est la capitale et qui compte environ 60 millions d'habitants, restent fermées jusqu'au 11 mars.

Pourcentage de travailleurs retournés au travail après le Nouvel An Chinois par rapport à 2019

Coronavirus : l’impact sur les marchés illustré en 5 graphiques

Le président Xi a récemment exhorté la population à retourner au travail, mais en prenant en compte les risques sanitaires régionaux. Les mesures de quarantaine et les restrictions de circulation se poursuivront probablement dans un certain nombre de régions, ce qui posera de nouveaux défis logistiques aux exportateurs. Plus la durée de l'épidémie sera longue et plus les mesures visant à empêcher sa propagation resteront en place, plus les ramifications seront importantes pour les chaînes d'approvisionnement mondiales, le commerce mondial et la croissance.


L'indice Capesize du Baltic Exchange est devenu négatif

La majeure partie du commerce mondial est transportée par bateau. Les sociétés de transport par conteneurs ayant réduit leurs expéditions vers la Chine, en raison des problèmes liés aux coronavirus, les retards dans les ports chinois ont augmenté. Si ces retards persistent ou continuent de s'accumuler, le commerce mondial, que ce soit en volume ou en valeur, pourrait diminuer.

Les économies les plus exposées au commerce, notamment la majorité de l'Asie, mais aussi l'Australie et l'Europe, pourraient en ressentir les effets. Le constructeur automobile sud-coréen Hyundai a déjà dû fermer plusieurs de ses usines en Corée du Sud en raison d'une pénurie de pièces importées d'une entreprise chinoise.

L'indice Capesize du Baltic Exchange (un indicateur des taux de transport maritime mondiaux) est devenu négatif pour la première fois au début de ce mois, comme l'illustre le graphique ci-dessus.

Coronavirus : l’impact sur les marchés illustré en 5 graphiques

D'autres effets ont été constatés, notamment la mise en quarantaine des navires de croisière dans plusieurs ports asiatiques, les passagers étant confinés dans leur cabine pendant 14 jours. Les économies plus largement dépendantes du tourisme pourraient être touchées, en particulier celles qui dépendent fortement des visiteurs en provenance de Chine.


L'impact sur l'Asie

Toby Hudson, responsable des actions Asie hors Japon : "Il est pratiquement impossible de prédire l'ampleur et l'impact définitif de l'épidémie. Malgré les pertes tragiques en vies humaines, notre scénario de base est que cet événement ne représentera pas un changement structurel dans les perspectives de croissance des économies chinoises ou régionales, mais plutôt un ralentissement cyclique court et brutal qui durera quelques mois ».

« L'impact économique se fera sentir le plus immédiatement dans les secteurs liés au tourisme, aux voyages, aux divertissements hors ligne et à la vente au détail discrétionnaire, tant en Chine qu'à l'étranger. Le secteur manufacturier pourrait également être confronté à des défis logistiques à court terme, car les employés ont du mal à retourner au travail après le Nouvel An lunaire en raison des restrictions, ce qui pourrait poser des problèmes à certaines chaînes d'approvisionnement. Plus généralement, l'incertitude accrue risque d'avoir un impact négatif sur la confiance des consommateurs et des entreprises, et par conséquent sur les décisions de dépenses et d'investissement ».

« Si, comme pour d'autres épidémies récentes, la propagation du virus est contenue dans les prochains mois et que la confiance revient progressivement par la suite, l'activité économique devrait alors rebondir assez rapidement au cours du second semestre, aidée par la libération d'une certaine demande refoulée. Les prévisions de bénéfices pour 2020 devront être ajustées à la baisse dans certains domaines, mais l'impact sur les valeurs fondamentales des actions que nous détenons devrait être modeste ».


Vue globale sous l'angle d'un investisseur multi-actifs

Johanna Kyrklund, directrice des investissements et responsable mondiale de la gestion multi-actifs : « Tant que nous n'aurons pas atteint un pic dans les taux d'infection par le coronavirus, les efforts déployés pour contenir le virus freineront considérablement l'activité économique. Les marchés doivent également digérer l'impact probable de la perturbation de la chaîne d'approvisionnement sur les bénéfices des entreprises. Les investisseurs peuvent s'attendre à un parcours difficile dans les semaines à venir, mais les marchés sont soutenus par le fait qu'il y ait beaucoup de liquidité en circulation et qui pourrait être investie. Et bien sûr, les rendements obligataires restent très faibles, ce qui rend les rendements des actions plus attrayants ».

« Une zone à surveiller est celle des marchés émergents où nous pourrons déceler de la valeur sur certaines actions et devises ».

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